
Melvin Van Peebles (1932-2021) vient de nous quitter. Personnage iconoclaste indissociable des années « black power », il restera pour toujours associé à un film-culte, le révolutionnaire Sweet Sweetback’s Baadasssss Song (1971), le film manifeste du cinéma noir indépendant qui est aussi l’un des films-clés de l’histoire du cinéma américain. Peu d’œuvres depuis sont allées aussi loin dans l’expression et la théorisation d’une esthétique noire, dans la contestation du système (américain et hollywoodien) et dans la provocation et la subversion. À sa sortie, le film reçoit un accueil extraordinaire de la part des jeunes des ghettos et fait l’effet d’une bombe. Hollywood, après avoir découvert le jeune public hippie des campus avec Easy Rider (1969), prend alors conscience avec Sweetback de l’importance du jeune public noir des ghettos et se lance aussitôt dans la production massive de films black commerciaux, donnant ainsi naissance à ce qui allait devenir la « blaxploitation ».
Par Régis Dubois
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